Eugène Ébodé

Présent au temps d'échange du 24/09/04

Né le 11 janvier 1962 à au Cameroun. Études primaires et secondaires à Douala, sa ville natale, puis à Bafoussam et à Yaoundé.

Après l'obtention du BEPC en 1977, commence une sorte d'errance qui le conduit d'abord à Bafoussam (Cameroun), ensuite au lycée bilingue de Yaoundé et enfin à N'djaména, au Tchad, où il s'inscrit en classe de terminale D au lycée Felix Eboué. Juste avant les épreuves du Bac, les troubles politiques et militaires du Tchad déclenchent la guerre civile. Le jeune Ebodé quitte N'djaména et retraverse le fleuve Chari pour rejoindre le Cameroun.

Marqué par son errance "intra" africaine, il a le sentiment d'assister aux convulsions d'un monde qui n'arrête pas d'agoniser. Il envisage alors un exil, cette fois en Occident, d'autant que les années Ahidjo, sont marquées par un autoritarisme déprimant. La passion pour le football va reporter de deux ans ce projet. Ses parents sont de conditions modestes et le football représente aussi le moyen de faire quelques économies avant d'entreprendre le voyage vers la France.

En effet, Ebodé Ondolo Charles, son père, est infirmier. Assena Vilarienne, sa mère, est femme au foyer. Elle y a fort à faire avec ses 10 enfants (6 garçons, 4 filles). Eugène Ebodé en est le troisième. La lecture est à la fois un merveilleux guide et un compagnon.

Ses débuts dans le football, en 1980, sont réussis. Il devient dès la première journée de championnat de football de première division du Cameroun, le gardien de but titulaire du « Dragon de Douala ». Quelques mois plus tard, il est convoqué en équipe nationale junior, les « Lionceaux du Cameroun » pour les éliminatoires de la coupe du monde junior en Australie. Malgré la qualification de l'équipe, il ne fera pas partie du groupe qui s'envole pour Sydney. La saison suivante, il signe dans la Dynamo de Douala, club qui deviendra La Dynamite dans son roman, Le briseur de jeu.

En 1982, il quitte le Cameroun pour la France. Reprend les études tout en jouant dans un club amateur à Argenteuil. Après l'obtention du baccalauréat, il est admis au concours d'entrée de L'Institut d'Études Politiques d'Aix-en-provence. Diplômé en 1988, il est rentre au CELSA et obtient l'année suivante le DESS en relations publiques.

Après des contrats à durée déterminée, il devient formateur au Centre National de la fonction publique territoriale avant de devenir, à Achères, directeur adjoint du service Jeunesse, puis directeur des affaires culturelles. Il est actuellement directeur de cabinet du maire d'Achères. Depuis les dernières élections municipales (mars 2001), il est aussi conseiller municipal de la commune de Villepreux où il a la charge de délégué à la culture et à l'échange des savoirs.

Après des contributions remarquées pour Une Afrique désirable, un portrait de Jacques Rabémananjara, poète Malgache, il participe au bicentenaire de la naissance du poète russe Alexandre Pouchkine en publiant un point de vue sur La divine négrité de Pouchkine.

En 2000, il publie Le briseur de jeu aux éditions Moreux, collection dirigée par Jacques Chevrier. Le briseur de jeu est le premier volet d'une revisitation de l'Afrique en mutation mais qui n'a pas soldé tous ses comptes avec sa mémoire. Elle est tiraillée entre l'écrit et les cris des tirailleurs, elle semble écartelée entre l'oralité et la fatalité. Le travail sur l'Histoire, les histoires, la langue africaine et les fables, tient ainsi une place de choix dans l'expression littéraire et le projet d'Eugène Ebodé.

Les prochaines publications de l'auteur ont pour titre : Les récits de la savane, Le fouettateur et surtout : La dette du père, deuxième volet des aventures du clan Ebodé.

Quand certains veulent « voir Venise et mourir », E. Ebodé préfère relire Pouchkine pour entretenir ce pari : culbuter la paresse du style, rompre avec les torpeurs de l'époque afin de restituer à la littérature toute son épaisseur de vie. L'horizon visé est le ravissement. Celui qu'offrira la société africaine débarrassée de ses maux et confiante dans sa diversité et sa capacité à proposer sa générosité à notre fragile et inhumaine condition.

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